L'Enlèvement de Michel Houellebecq

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Le film rappelle un peu Octobre de Pierre Falardeau, mais en plus détendu. On dirait un milliardaire qui a lancé un défi à un ami : auriez-vous l’audace et la témérité d’enlever ou de faire enlever Michel Houellebecq? Si oui, il y aurait dédommagement pour tout le monde. Ce n’est pas le problème ; ce qui compte, c’est le jeu. Dès lors, on ne voit pas les deux joueurs principaux, mais seulement les gros bras et l’avocat qui fait le pont. Il s’agit d’un très bon film, car pour jouer son propre rôle, Houellebecq est plutôt bon. Tous les personnages sont attachants à leur façon. La plupart des thèmes houellebecquiens sont abordés : Lovecraft, la Pologne, le tabac, le vin espagnol, la prostitution, les romans, le désenchantement. Entendre crier Houellebecq autoritairement à table m’a fait un choc, mais je suppose que l’auteur a réellement en lui ce côté droitard. Enfin, les idées politiques exprimées en fin de film, qui sont véritablement celles de l’écrivain, je ne les partage pas. La démocratie directe : comment l’ensemble du peuple peut-il savoir ce qui est bon pour l’ensemble du peuple? L’expérience a montré que le peuple, comme un enfant, ignorait profondément ses intérêts, ses devoirs, son bien. Houellebecq, au seuil du trépas, espère une insurrection à Bruxelles. Comment peut-on avoir des idées politiques quand on a un pied dans la tombe? Je pense qu’il faut chercher une raison à tout cela dans son complexe de paternité. Le mot père l’a fait pleurer. Il y a quelque chose, une fêlure, à ce niveau-là.