L'Âge des ténèbres

Nous sommes une si petite société que le moindre événement qui dépasse de notre platitude collective devient un phénomène de société. Ce film d'Arcand n'est que cela, un film. Alors pourquoi autant de méchanceté gratuite à l'égard de ce créateur? Voici un élément de réponse qui n'engage que moi: la médiocrité active et passive que décrit Arcand dans son film peut s'appliquer à la grande majorité de nos penseurs et de nos médias, écrits et électroniques. Les faiseurs d'opinion se sont reconnus dans cette impuisssance stérile brillamment rendue par Labrêche. Arcand éclabousse nos mièvres, nos niaiseux, nos pas capables, et ceux-ci se sont très bien reconnus. D'où la tempête et l'acharnement anti-Arcand que mènent nos ti-clins depuis des mois. Je recommande ce film où Arcand décortique notre non-bandaison collective pour qu'enfin nous puissions réagir et changer le cours des choses. Le Québec a le plus haut taux de suicide au monde, et c'est un peuple qui refuse de se donner un pays pour survivre, une autre forme de suicide collectif. Arcand ébauche quelques raisons profondes à ce désir de disparaître que nous sembons nourrir. L'Âge des Ténèbres n'est pas un film parfait mais c'est une oeuvre essentielle à voir d'urgence.