Maleficent

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Cliquez ici pour afficher cette critique. L'appréhension principale que j'avais avant d'aller voir le film, c'est l'idée qu'on puisse racheter le mal, qu'on doive édulcorer Satan, qu'on en vienne à montrer qu'il n'était pas si pire que cela après tout, qu'il y avait mal-entendu plutôt que mal. La Belle au bois dormant nous montrait un mal absurde, sans cause, sans psychologie, un mal objectif, sans origine autre que le mal lui-même et c'est cela qui faisait la force de l'histoire. Mais le film Maléfique entend racheter la part maudite, la négativité, le principe du mal. Blanchir, assénir, moraliser, pour le bien des enfants, entre autres, à qui il ne faudrait surtout pas montrer que le monde des adultes est satanique, rempli d'obscurité, de torsions et de malveillance. Personnellement je hais la psychologie. Le fait de montrer les antécédents, les causes qui ont rendu une personne mauvaise comme pour Dark Vador ou Hannibal Lecter, tue l'histoire et lui enlève sa part de mystère, donc d'intérêt. C'est la mode des films dont le titre annonce « les origines », « le commencement ». Les infâmes préquelles, autrement dit. Mais le film montre une autre chose qui, elle, est sensée, c'est qu'il ne faut pas se fier aux apparences. Le mal peut ironiquement se transmuter en bien et le bien en mal. Le bon roi Stéphane devient diabolique, et la méchante reine Maléfique finit dans la bienveillance (mais elle n'aurait pas dû commencer dans la bienveillance, ça c'est de l'édulcoration) Je rêve pour ma part d'un film d'animation extrêmement sombre où le mal serait partout comme dans Machbeth ou Les Possédés, et où l'on ne s'en sortirait d'aucune façon sur terre, mais uniquement au ciel, après la mort délivrante. Un film qui serait manichéen (deux principes objectifs, bien et mal, en lutte) comme La belle au bois dormant, mais transitiviste (le bien se change en mal, le mal en bien) comme Maléfique. Le meilleur des deux mondes. Ou le pire... Un film où l'on aurait le choix entre le mal réel, ou le bien artificiel. Une situation perdant-perdant. Le film ressemble à La reine des neiges, en montrant que l'amour n'est pas lié au mariage avec le prince charmant, mais à la compassion intime ressentie pour autrui. Le prince passe donc au rang secondaire. Le film est naturalisant et vraiment kitsch en ce sens. Maléfique, celle qui porte mal son nom (elle aurait dû s'appeler Bénéfique), est reine de la nature. Elle prend soin des animaux et des plantes, c'est une reine-jardinière, une fée forestière. Toutes les scènes de nature festive, de forêt en joie, sont insupportables dans ce film. Maléfique, dans la Belle au bois dormant, n'est pas reine de la forêt, mais du désert pierreux et épineux. Aujourd'hui, jamais on pourrait produire Fantasia avec son cauchemardesque démon Chernabog parce que l'on traite les enfants comme des handicapés mentaux, des êtres innocents à qui il faut cacher le mal, et angéliser la société.