La Ferme des humains

J’avoue avoir eu beaucoup de difficulté au début à entrer dans le film, surtout à cause de la pauvreté des dialogues d’une syntaxe à la fois douteuse et des plus relâchées. Sans parler d’un sujet on ne peut plus minimaliste : un marocain, un latino et un autochtone de la place qui passent leur journée à ne rien foutre, sinon boire, fumer et déblatérer sur les autres. Ce qui sauve le film, c’est d’abord son humour particulier qu’il faut savoir décoder, cette façon aussi de ne pas porter de jugement, mais de donner à voir simplement, tout en semant des indices au passage (au spectateur d’en tirer les conclusions qui s’imposent) Enfin il y a la réalisation qui fait montre d'une grande rigueur autant dans sa démarche que dans les plans, la plupart du temps cadrés bien serrés. Il y a aussi certains moments de grand lyrisme, révélateurs de la part du réalisateur d’une réelle sensibilité et d'un savoir-faire technique ici bien mis à contribution, qui donne au film comme sa respiration. En définitive il s’agit du portrait très juste d’une certaine jeunesse d'abord, mais aussi d’une réalité ethnoculturelle qu’on est trop porté à négliger, si rare dans notre cinéma québécois nombriliste, et qui a bien droit à sa différence. Bref, une belle surprise.